La société numérique : changements induits par la numérisation

Publié le : 14 octobre 202010 mins de lecture

Grâce aux technologies de réseau modernes, le citoyen Internet souverain émerge et va changer fondamentalement les processus de communication et de développement dans l’économie de la société. Donc voici l’étude de Thomas F. Dapp qui aborde explicitement le sujet.

Structures numériques et consommateurs responsables

Les changements structurels numériques se reflètent dans l’utilisation croissante des technologies de réseau modernes et modifient la vie sociale et économique quotidienne des gens. L’internet devient une plateforme technique et sociale pour tous.

Le changement structurel numérique et culturel soutient ainsi le transfert de pouvoir du producteur au consommateur. Le contexte concerne aussi du citoyen souverain (Internet). Ce changement de pouvoir n’annule pas les forces du système d’économie de marché, mais il crée un nouvel équilibre des pouvoirs.

À l’ère du numérique, le citoyen Internet en réseau peut participer de manière interactive et coopérative aux développements sociaux et culturels ainsi qu’aux processus de création de valeur. Cela crée de nouveaux modèles de production et de coopération avec des flux de travail plus flexibles et plus transparents dans les domaines des affaires, de la science, de l’éducation, de la politique, de la société et de la culture.

Ce changement signifie plus de souveraineté d’une part et de nouvelles possibilités de participation d’autre part. D’autre part, cela signifie également plus de responsabilité pour chaque individu.

Les médias sociaux conquièrent le monde

Les médias sociaux servent d’infrastructure de communication pour les internautes et renforcent le changement de pouvoir mentionné ci-dessus. De plus en plus d’Allemands utilisent Internet. En 2010, chaque Allemand de 14 ans et plus a surfé en moyenne 100 minutes par jour sur le web.

Les moyens techniques pour créer soi-même des contenus numériques sont de plus en plus conviviaux. Le contenu numérique n’est donc plus seulement proposé par les entreprises professionnelles, mais aussi par les consommateurs eux-mêmes. Cependant, chaque contenu numérique n’a pas non plus de valeur (économique). Il devient également de plus en plus difficile d’interpréter le contenu, car il est souvent sorti de son contexte. Il est donc d’autant plus important de créer des communautés au sein desquelles les gens travaillent ensemble de manière ciblée sur l’information. La réaction à un élément d’information spécifique est parfois plus importante que l’information elle-même. Les plateformes sociales telles que Twitter, YouTube, LinkedIn, Facebook ou Xing jouent un rôle décisif dans ce contexte.

Les médias sociaux ne sont pas un battage publicitaire mais une conséquence du progrès technique. La manipulation confiante des biens numériques peut être une ressource précieuse, en particulier pour l’Allemagne, pauvre en matières premières mais à forte intensité de connaissances.

Médias sociaux d’entreprise : Comment les entreprises utilisent les services de communication virale

Le potentiel des réseaux collectifs a été démontré, entre autres, par la campagne présidentielle américaine de Barack Obama. Du point de vue de l’entreprise, la composante virale du Web est particulièrement importante. Les médias sociaux offrent actuellement la plus puissante plateforme de recommandation au monde. Les recommandations ou les notations deviennent un moyen de pression efficace des consommateurs à l’égard des entreprises. Les gens font plus confiance aux recommandations de leur communauté de réseau qu’aux commentaires (professionnels) des plateformes de recommandation commerciales. Et ils font non seulement davantage confiance à leurs propres amis, mais aussi aux amis de leurs amis.

Les médias sociaux poussent presque de nombreuses entreprises à repenser leur modèle économique. Dans tous les secteurs d’activité, les stratégies évoluent de plus en plus vers une plus grande transparence et une plus grande participation des parties prenantes. 25 % des cent plus grandes marques allemandes utilisent au moins une plateforme sociale. Mais seulement 5 % des entreprises interrogées en Allemagne twittent, youtubent, facebookent et bloguent régulièrement. Les entreprises utilisent actuellement les médias sociaux principalement pour les relations publiques et la publicité, suivies par les ventes et les ressources humaines.

Le marketing, qui était jusqu’à présent davantage un canal « push », devient un canal « pull », avec l’avantage que les entreprises peuvent demander de manière interactive des informations pertinentes avec attention dans les forums Internet ou simplement lire pour en savoir plus. Cependant, il n’est pas rare que les responsabilités ne soient pas claires au sein des entreprises.

En outre, les qualifications, les stratégies, les directives de gestion et les employés nécessaires à la communication interne et externe font souvent défaut. L’introduction d’une stratégie de médias sociaux ou de lignes directrices en matière de communication réduit l’incertitude et ancre à long terme la communication participative en ligne dans les entreprises.

Défis de la numérisation

Malgré tous les avantages du changement structurel numérique, les risques et les effets de réseau tant vantés des médias sociaux ne peuvent être ignorés. Une fois que le contenu numérique a été téléchargé, il ne peut plus être contrôlé sur l’internet. L’utilisation et la sécurité des données personnelles par les entreprises laissent également de nombreuses questions sans réponse.

Les infractions au droit d’auteur sont également en augmentation parce qu’il y a un manque croissant de conscience que le contenu numérique a non seulement une valeur, mais aussi un prix.

En outre, la présence soi-disant nécessaire 24 heures sur 24 dans les médias sociaux signifie que la frontière entre le travail et le temps libre est de plus en plus floue et l’augmentation des contacts dans les réseaux sociaux est souvent compensée par une diminution significative des contacts personnels.

Innovation ouverte : utilisation de sources de connaissances externes

Les processus d’innovation sont des processus de résolution de problèmes, c’est-à-dire que les innovations sont créées par tâtonnement, par le développement ciblé de nouvelles connaissances et/ou par la (ré)combinaison de connaissances existantes.

Les processus d’innovation ouverte et de création de valeur permettent d’utiliser les connaissances et les capacités et compétences de millions de personnes. Les acteurs de l’innovation disposent ainsi d’un instrument supplémentaire pour générer de nouvelles idées, quels que soient le secteur et la forme d’organisation. En outre, les processus d’ouverture améliorent l’accès du public aux nouvelles connaissances et favorisent ainsi le transfert de technologies.

L’affinité des jeunes générations et leurs besoins au sein de leur réseau pour démontrer leurs connaissances, idées, compétences et aptitudes offrent aux entreprises un précieux réservoir.

L’expérimentation de nouvelles formes de coopération est de plus en plus fréquente car elle permet aux entreprises de s’adapter avec plus de souplesse à l’évolution rapide du marché et des conditions de concurrence. Les connaissances internes et externes fusionnent, la génération de connaissances devient interdisciplinaire, de nouvelles capacités de résolution de problèmes émergent.

Avec la jeune génération de passionnés de technologie, il y a maintenant pour la première fois une opportunité de transformer la « mise en réseau » auparavant plutôt ludique en création de valeur économiquement pertinente. Toutefois, l’ouverture décrite ci-dessus n’est pas limitée exclusivement au niveau de l’entreprise. Elle gagne en importance dans tous les domaines techniques, sociaux et économiques de la société. Il convient de souligner que tous les processus d’ouverture numérique reposent sur les mêmes caractéristiques. Les personnes concernées maintiennent une communication relativement libre de toute hiérarchie et elles interagissent et participent à leur progrès. Les médias sociaux fournissent l’infrastructure de communication.

Cependant, en raison de la perte de contrôle (encore) largement redoutée, les plateformes de communication existantes sont encore utilisées très prudemment par les entreprises comme un instrument supplémentaire pour la participation active des porteurs de connaissances externes.

Autres aspects importants : Culture ouverte/libre

La numérisation apporte également de nombreux avantages dans le secteur de la création. Le savoir-faire est de plus en plus proposé dans des espaces virtuels, invité à participer et l’interaction avec les autres (pairs) est recherchée. Les différents projets, plans de construction, travaux ou plans peuvent être consultés et modifiés. Cela ouvre un espace pour des effets de transfert positifs dans le processus d’innovation.

Gouvernement ouvert

Les institutions politiques et les autorités administratives s’ouvrent également à une participation accrue des citoyens. De nouveaux usages et modèles commerciaux peuvent émerger des données publiques mises à disposition. L’interaction entre les citoyens et l’administration peut donner naissance à de nouveaux modèles de coopération et de participation entre l’administration et la population.

Conclusion

Les changements induits par la numérisation de la société sont complexes et les gagnants et les perdants ne peuvent pas toujours être clairement identifiés. Le pouvoir croissant des consommateurs est contrecarré par la tentative des entreprises d’utiliser les nouvelles possibilités pour « prendre » et « emmener » le consommateur dans le nouvel environnement. Ce faisant, toutes les possibilités ne sont pas épuisées et l’attention nécessaire n’est pas toujours accordée aux aspects critiques.

Pour un pays de penseurs comme l’Allemagne a toujours été et est encore, le résultat final est qu’il y a plus d’opportunités que de risques. Les saisir et les utiliser (correctement) est probablement le plus grand défi pour toutes les personnes concernées.

Plan du site